S’il y a bien quelque chose que vous devez absolument savoir dans vos petites existences insignifiantes de vermines, c’est que… *chuchotement de voix dans l’oreille* ha on me dit dans l’oreillette que vous ne savez pas encore que je suis un Dieu incarné en magnifique homosessuel vélu pour vous espionner. Hum. Je reprends.
S’il y a bien quelque chose que vous devez savoir dans vos petites existences qui sont exactement comme la mienne *tousse PAS DU TOUT tousse tousse*, c’est que je me promène souvent durant ma pause midi avec mon chef. « Ha super Axel, qu’est-ce que c’est intéressant ! Moi hier, j’ai mangé du riz soufflé en dessert et- » *PAN !* *la personne qui a osé prendre la parole, est projetée subitement en arrière avec un trou dans le torax* *silence de mort (c’est le cas de le dire) dans la salle* … est-ce quelqu’un d’autre dans l’assistance souhaiterait lui aussi formuler un commentaire constructif ? Allons ne soyez pas timides… nous sommes en démocratie après tout… enfin pour le moment… alors ? Personne d’autre veut prendre la parole ? Vraiment ? Je vais donc reprendre. *repose son fusil à pompe rose pailleté dans un coin de mur près de lui* … où en étais-je ? Ha oui ! Je me promène souvent durant ma pause déj avec mon chef *regarde vivement son public* et, durant un de ces midis entre N+1 et N-1 (nom de moi, qu’est-ce que ces formulations d’entreprises sont d’une laideur… j’ai l’impression de retrouver des mathématiques…), mon supérieur hiérarchique direct (c’est tout de suite mieux, n’est-ce pas ?), que nous nommerons M., me lance soudain, de manière bien mystérieuse, qu’il a quelque chose a récupérer chez un avocat à coté des bureaux et qu’il m’emmène avec moi. Si la curiosité est un vilain défaut, moi, je trouve que c’est une très grande qualité parce que ça pousse justement à ouvrir son esprit sur bien des choses et à explorer de nouveaux horizons (je vous vois en train d’imaginer des choses salaces, je vous vois… non, vous n’aurez pas mon cul !).
Ni une ni deux, aussitôt dit, aussitôt fait, nous voilà tous deux en direction de ce fameux cabinet d’avocat. L’immeuble est effectivement à peine à quelques centaines de mètres de là où nous travaillons. Nous traversons une porte cochère (j’ai dit « cochère » la porte, pas « cochonne », rasseyez-vous), nous sonnons à une porte à l’intérieur d’une cour, nous montons quelques étages (la cage d’escalier est d’ailleurs plutôt jolie), et, là, une porte s’ouvre sur un grand homme, la cinquantaine, en tenue très décontractée, en jogging, et avec sur la tête… une casquette Narutau (c’est un jeu de mot avec un atelier de réparation…). Alors, je me dois de vous le dire, je me suis retrouvé légèrement déconcerté. Comme tout le monde, j’ai l’image de l’avocat parfait, à savoir, un costume parfait, avec une chemise parfaite, une cravate parfaite, des chaussures de ville parfaite, une bite par… ha pardon, ça c’est un « Men at play ». L’homme nous fait entrer dans un grand appartement haussmannien et nous fait rentrer directement sur la gauche dans un touuuuut petit bureau (oui j’aime bien dire touuuuut). Et là, je vois mis un peu partout des dessins extraits de l’animation japonaise comme les Chevaliers du Fionziac, Albatâr, DragonBoule Z etc. Je comprends alors que M. avait acheté sur un site de vente aux enchères plusieurs dessins originaux utilisés pour les animés japonais de l’époque, mais aussi des celluloïds.
Mais qu’est-ce que c’est qu’un celluloïd ? Vous vous posez la même question que moi à ce moment précis dans le touuuut petit bureau de l’avocat. Hé bien, ce dernier m’a tout expliqué car il était super intéressant. Un celluloïd est une feuille transparente sur laquelle il est peint à la main, à l’encre et à la gouache, les éléments en mouvement. Enfin, dans l’animation de l’époque parce qu’aujourd’hui, forcément, tout est fait sur l’ordinateur. Car, à l’époque, on prenait photo par photo chaque celluloïd pour animer. Une fois l’épisode réalisé, les japonais ne savaient pas vraiment quoi en faire de tous ces celluloïds alors c’était stocké dans des entrepôts sauf que, le temps étant humide, cela ne tenait pas bon et les celluloïds se dégradaient, coulaient, et produisaient une mauvais odeur. Alors, si bon nombre ont été tout simplement jetés, d’autres ont préféré les sauver et les récupérer. C’est alors que, voyant que de plus en plus de personnes se sont intéressées à ces cellos, ils ont commencer à les vendre… et c’est ainsi que le marché s’est mis en place.
… et quel engouement ! M. m’ayant fait savoir une nouvelle vente aux enchères était prévue dimanche dernier, je m’y étais inscrit. Il y avait plus de 500 lots à la vente. Je pensais naïvement que j’allais réussir à m’en procurer un à un prix raisonnable… mais queue nenni, mon amie, queue nenni ! S’il y en a un qui a réussi à se vendre à 70 € hors frais (la notion de hors frais est on ne peut plus importante, j’y arrive), cela s’achetait dans la moyenne dans les 300 € (hors frais). Forcément, les plus attendus, à savoir les dessins animés les plus récents comme Pokémec, Naruteau (car sans être des celluloïds, il y avait aussi des dessins), mais aussi Full Anal Alchémist, ça s’est vendu assez chers, soit plus de 500 €, et d’autres à plus de milliers d’euros. C’est le cas par exemple du celloïd de Sachatte avec Pikafouette qui était estimé entre 3 000 et 5 000 € (qui est l’illustration de l’article). Il y avait même des dessins tirés Mais il y avait également des cellos de dessins animés plus anciens qui se sont très bien vendus dont notamment Godorak, Gastro le Petit Robot, les Chevaliers du Zodiack. Il y avait aussi des dessins issus de grand films d’animation du célèbre Miyazazie (oui, j’ai fait un jeu de mot avec Zazie, je sais…) comme Kékétte la petite Sorcière dont les prix se sont envolés tellement haut qu’il m’a fallu un télescope pour savoir où ils étaient dans le ciel.
Et alors que, dans ce petit monde où a priori seuls les plus riches pouvaient se les acheter, moi j’ai essayé toute la journée d’obtenir désespérément un petit dessin à 200 € environ (ce qui me semblait déjà bien élevé). Parce que, oui, quand, quand je dis que ça a duré toute la journée, ça a vraiment duré toute la journée ! Ca a débuté à 10h, avec une pause de 12h à 14h, puis reprise jusqu’à… 22h ! Alors moi, toute la journée, j’étais soit sur l’ordinateur quand j’étais posé chez moi, soit sur mon téléphone quand je faisais ma vie (aller au sport, s’occuper du jardin, sucer des bites…), et j’écoutais les commissaires priseurs qui, face à la caméra, lançaient des « Franchement, pour ce prix, c’est vraiment donné ! » « Il ne faut pas enchérir par coup de dix ! Faut arrondir ! Arrondissez à 1 000 € vous allez voir que vous allez l’avoir ». Mais oui, mais oui. Quand tu réalises après coup que les droits, justement, sont de 30% sur le prix d’acquisition aux enchères, auxquels tu rajoutes 1% et quelques pour être passés sur le site de la vente, et qu’il y avait plus de 500 lots, ils ont largement rentabiliser leur journée.
Au final, je n’ai rien, même pas un petit cellulo des trois moustiquaires (snif !). Je m’en vais pleurer des larmes de sang et de sel, à la revoyure !